4 500 opérateurs, 12 000 bénévoles, 380 postes sur l’ensemble du pays. Voilà les chiffres du service d’assistance de l’Ordre de Malte en Hongrie, actuellement engagé pour faire face à la crise des réfugiés causée par la guerre dans le pays voisin, l’Ukraine. La Hongrie est l’un des premiers pays d’arrivée pour les réfugiés, après la Pologne. Le service d’assistance de l’Ordre de Malte y a établi cinq hotspots et points de premier accueil. Depuis le début de la guerre, le 24 février dernier, 600 000 personnes environ ont transité par ces trois points d’accès le long de la frontière. Nombre d’entre elles ont été assistées par l’Ordre de Malte, chargé de coordonner le travail de toutes les agences humanitaires présentes dans le pays et impliquées dans la crise.
Á Berehove, en Ukraine, dans la région de la Transcarpatie, les organismes d’assistance hongrois et l’organisme ukrainien de l’Ordre de Malte dirigent un point d’accueil où les réfugiés peuvent manger un repas chaud, parler avec une voix amie et se reposer dans l’un des lits à disposition. Un peu plus avant le long de la route qui conduit à la sortie du pays, se trouve un immense entrepôt où sont stockées des tonnes de nourriture et de biens de première nécessité, des médicaments aux produits sanitaires, arrivées surtout d’Europe. Chaque jour, 5 000 tonnes de biens sont distribuées, divisées en colis prêts à l’emploi pour les familles qui arrivent. Quelques kilomètres plus loin, juste avant la frontière entre l’Ukraine et la Hongrie, se trouve un autre poste de l’Ordre de Malte dont le but est de fournir un soutien aux personnes qui s’apprêtent à quitter le pays. Une sorte de relais d’aides et de soutien pour accompagner les réfugiés dans leur exténuant voyage loin de chez eux.
Á quelques kilomètres de la frontière, sur le territoire hongrois, à Beregsurány exactement, l’Ordre de Malte dirige un autre hotspot où les réfugiés arrivent à pied ou en car. Actuellement, 1 200 personnes environ traversent chaque jour cette frontière, mais, il y a quelques jours encore, on en comptait 1 500. L’accès aux voies de sortie du pays se fait plus difficile avec les destructions d’infrastructures, de routes et de ponts de liaison. Á leur arrivée, les réfugiés, surtout des femmes et des enfants, sont accueillis par les opérateurs de l’Ordre qui leur offrent nourriture et boissons chaudes. Parmi eux se trouve Olga, une jeune femme de vingt ans, ou légèrement plus, originaire du Donbass. L’Ordre de Malte l’aide à remplir les documents nécessaires pour pouvoir poursuivre son voyage vers l’Allemagne. Olga voyage seule, mais a avec elle son inséparable chat persan qu’elle tient dans ses bras comme s’il s’agissait d’un enfant.
Les responsables du hotspot nous expliquent qu’en plus de fournir une assistance médicale et des biens de première nécessité, leur mission consiste à aider à apporter des moments de normalité aux personnes qui arrivent, effrayées et épuisées par les longues journées de voyage. Surtout aux enfants qui, en premier lieu, reçoivent un hamburger et des frites.
La plupart des réfugiés rejoignent ensuite Budapest, grâce aux services de navette et aux trains mis à disposition. Dans la capitale, l’Ordre de Malte dirige trois hotspots et a l’intention d’en ouvrir deux autres. Le poste de Bok est un énorme palais des sports où transitent chaque jour des milliers de réfugiés. Une organisation impeccable règne dans ce centre où l’on trouve également un endroit pour prier, un autre pour se rafraîchir, un bureau de consultation pour les personnes à la recherche d’un emploi, et un point d’accueil pour celles qui voyagent avec des animaux.
Les réfugiés reçoivent une assistance médicale, juridique et surtout logistique : la plupart doit gagner d’autres pays pour rejoindre des amis et des parents, d’autres restent en Hongrie, hébergés dans l’une des nombreuses structures mises en place ces dernières semaines.
“L’Ordre de Malte se tourne maintenant vers demain : 300 000 personnes au moins resteront dans le pays pour une période à moyen-long terme et il est important de commencer à programmer des activités pour leur intégration. Les enfants devront aller à l’école à partir de septembre, les adultes devront pouvoir avoir accès aux services sanitaires et au monde du travail”, nous explique Lajos Gyori Dani, vice-président du service d’assistance de l’Ordre de Malte en Hongrie, que nous rencontrons avec Monseigneur Imre Kozma, fondateur mais aussi président du service d’assistance de l’Ordre de Malte dans le pays magyar. Monseigneur Kozla n’est pas novice dans la gestion des crises humanitaires : c’est lui précisément qui, en 1989, donna vie aux opérations d’accueil pour les réfugiés d’Allemagne de l’Est après la chute du Mur de Berlin, établissant de fait officiellement la naissance de l’organisation hongroise de l’Ordre de Malte qui, trente ans plus tard, s’est agrandie au point de devenir l’une des plus importantes du pays.
Depuis, trois grandes crises de réfugiés au moins ont traversé ce pays, de la guerre en Yougoslavie à la révolution en Roumanie en 1991 et à la crise de 2015 avec le flux de migrants provenant de Syrie. “Nous cherchons seulement à aider et à sauver des vies humaines”, nous explique Monseigneur Kozma. “Ces crises sont souvent instrumentalisées à des fins politiques mais cela ne nous intéresse pas”. Et, en effet, quelques heures à peine après notre rencontre, le père Kozma est déjà en route avec sa voiture vers la Pologne où, avec des bénévoles de l’Ordre, il portera une ambulance aux collègues et amis de l’association polonaise, elle aussi en première ligne pour faire face à cette grave crise humanitaire.