Ordre Souverain Militaire et
Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de
Rhodes et de Malte

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Liban: bref aperçu de la situation generale sur le plan humanitaire. 1er rapport

Liban: bref aperçu de la situation generale sur le plan humanitaire. 1er rapport
21/07/2006

Rapport envoyé par le Président de l’Association Libanaise de l’Ordre de Malte S.E. Marwan Sehnaoui:

Les opérations militaires et la perturbation qui en a résulté sur les différentes voies de communication (terrestres, téléphoniques, etc.) ne permet qu’une « estimation » de la situation sur le plan humanitaire.

Il est clair que le pays fait face à 3 problèmes d’URGENCE.

Deux problèmes sont palpables et sous vision directe à savoir :

– Le flux des réfugiés des différentes zones couvertes par les opérations militaires (Estimés à 500.000);

– La détresse des populations prises au piège des zones de combat ou limitrophes de ces zones et qui ne peuvent plus se référer, pour leurs besoins, qu’aux ONG intervenant sur place et qui ne disposent pas, car pris par surprise, des moyens nécessaires pour répondre aux besoins

(C’est dans ce cadre qu’opèrent nos Centres se trouvant à l’intérieur ou limitrophes des zones de combat en particulier :

Liban Sud :

Centre de Marjeyoun ;

Centre de Yaroun (locaux inaccessibles et services transférés à Rmeich) ;

Centre de Siddikine (locaux inaccessibles – services transférés) ;

Centre de Roum (limitrophe des zones de combat opérant à pleine capacité médicale et sociale) ;

Bekaa :

Centre de Barqa (limitrophe des zones de combat de Baalbek – opérant à pleine capacité médicale et sociale).

Grand Beyrouth :

Centre St Jean Baptiste – Ain el Remmaneh (zone limitrophe des zones de combat de la banlieue Sud – opérationnel avec soins médicaux Centre de réfugiés).

– Le troisième problème touchant la pénurie des produits de base (alimentaires, fuel pour générateurs et électricité, médicaments, etc.) apparaîtra probablement dans les trois semaines qui viennent ; il touchera la majeure partie de la population (surtout la plus pauvre).

Cela à moins d’une solution allégeant le blocus et l’accès de ces produits (les voies de communication avec la Syrie sont toujours ouvertes pour le moment).

Enfin on ne peut pas ne pas ignorer l’ampleur du problème auquel le pays et toutes les ONG auront à faire face à la fin des hostilités dès lors que la réinsertion et le retour des réfugiés seront enclenchés de même que la reconstruction…

Pour ce qui a trait au traitement des problèmes d’urgence (décrits plus haut), les informations recueillies auprès de nos Centres (le terrain) comme auprès des deux ministères les plus concernés et engagés (Ministère de la Santé et Ministère des Affaires Sociales) montrent que les difficultés à traiter ces problèmes viennent, pour le moment, de l’organisation du cheminement suivant :

– Regroupement et logement des réfugiés (pour le moment essentiellement dans les écoles vides à cause des vacances d’été) ;

– Organisation de la salubrité des lieux de regroupement et leur installation de base ;

– Approvisionnement alimentaire et produits de 1ère nécessité de base (hygiénique, etc.) ;

– Assurance des soins médicaux et des médicaments.

Par ailleurs, la psychose de guerre a créé chez la population une prise d’assaut des supermarchés, des pharmacies, des distributeurs de fuel, dans un but de stockage de sécurité, cette psychose accélérant, malheureusement, le risque de pénurie.

Sur le plan des hôpitaux, la mobilisation est totale. Leur opérationnalité est toujours valable, par contre, le transfert des blessés des zones des opérations militaires vers les hôpitaux est toujours difficile, la Croix Rouge Libanaise assurant cette mission avec beaucoup de dévouement.

Pour l’Ordre de Malte, notre intervention s’est concentrée essentiellement sur les soins de santé (excepté dans un cas, au Centre de Roum – Caza de Jezzine, où en plus des services de santé, l’Ordre compte prendre en charge la majeure partie des problèmes des 200 familles: ± 1000 personnes réfugiées dans la zone).

Pour notre action générale, l’Ordre de Malte a adopté le mode opératoire suivant :

1) Acheminer des lots de médicaments (Réf. : liste ci-jointe des médicaments d’urgence en grand manque)

Cet acheminement est en soit un problème surtout pour les zones de guerre. Nous le résolvons au pas à pas et à vue.

2) Assurer la prise en charge des soins médicaux et de fournitures de médicaments à certains Centres de regroupement de réfugiés.

3) Assurer un petit stock de médicaments qui nous permettra de survivre à une période de pénurie et explorer le moyen de transporter des dons en médicaments au Liban soit au travers de Gouvernements amis soit en passant par la Syrie (une fois sûrs qu’on sera en mesure de gérer les problèmes administratifs conséquents, de formalités de frontière etc.)

En attendant nous procédons le plus rapidement possible à l’achat de médicaments, les stocks existants chez les fournisseurs et sur le marché diminuent comme pot de chagrin du fait de la psychose généralisée.

Toute cette situation demande la mise à disposition urgente de fonds importants non prévus dans les budgets et réserves (estimation pour un mois pour activités Ordre de Malte : US $ 80.000,- à US $ 100.000,-)

Ceci donne une image succincte de la situation humanitaire au Liban.

DESCRIPTIF BREF DE LA SITUATION OPERATIONNELLE DES CENTRES DE L’OSM

(AU JEUDI 20 JUILLET 2006).

1. LIBAN SUD :

a. Yaroun – Rmeich

(accolé à la frontière Israélienne – de même que la bourgade de Rmeich situé à ± 5 à 6 Km de Yaroun – le village a été vidé de ses habitants sous menace: toute la zone qui l’entoure est bombardé et fait l’objet d’incursions militaires)

Le village a été COMPLETEMENT vidé de ses habitants sur menace directe. Tous les habitants chrétiens du village et un bon nombre de chiites se sont réfugiés dans la bourgade voisine de Rmeich (chrétienne) qui a reçu jusqu’à aujourd’hui de 15.000 à 20.000 réfugiés venant des villages voisins de Aita el Chaab, Aitaroun, Maroun el Ras, Bint Jbeil, …

Du fait de la non accessibilité (jugée suicidaire) de Yaroun Le médecin responsable du Centre de Yaroun, le Dr. Raed el Alam (cardiologue originaire de Rmeich) avec qui nous avons jusqu’à ce jour un contact téléphonique régulier, a ouvert une antenne de l’Ordre de Malte attenante à sa clinique à Rmeich. Il y assure la plupart des soins mais souffre d’un manque de médicaments.

Rmeich n’est pas encore sous menace directe, malgré des bombardements sporadiques et limitrophes, mais ploie à cause des manques alimentaires et en médicaments dus à l’extrême difficulté des communications.

Le Ministère des Affaires Sociales a pu faire parvenir 300 rations alimentaires de famille aux réfugiés de Aita el Chaab, de même Caritas a fait parvenir 1.000 rations de pain.

Du fait de sa position, la situation de Rmeich est une situation de détresse. Manque de médicaments (essentiellement chroniques) de lait pour enfants, de pain, d’eau potable,… etc.… sans compter la difficulté de transfert des patients qui ont besoin d’hospitalisation.

Un lot de médicaments et produits alimentaires sera envoyé par l’Ordre de Malte avec le prochain convoi du CICR.

b. Marjeyoun

(Attenant mais non accolé à la frontière avec Israël)

Comme Rmeich, la bourgade de Marjeyoun échappe aux bombardements directs mais la plupart des routes d’accès et des secteurs environnants sont sous le feu.

Sœur Hélène (de la Congrégation des Saints Cœurs) assurant la direction du Centre s’est trouvée piégée à Beyrouth au début des hostilités.

Lui ayant préparé un stock de médicaments et après appréciation du routing le moins risqué à suivre, elle rejoindra dès demain le Centre où les services sont assurés en attendant par la pharmacienne et le docteur en charge, sous la direction de Sœur Emilie qui assure l’intérim.

c. Siddikine

(30 Km de Tyr à coté de Cana – population uniquement Chiite – zone bombardée par intermittence, le village a été directement bombardé)

Le village a été bien bombardé. Le Centre est inaccessible. De même le personnel s’est éparpillé.

Les communications sont quasi impossibles. Avons pu toutefois atteindre la responsable du Centre Mme Nohad Balhas que nous avons encouragé à regrouper son équipe et entamer les activités quitte à ce que les locaux soient, en attendant, dans un village dont la position serait la plus adéquate.

d. Roum – Caza de Jezzine

(Très Limitrophe de zone de combat du Liban Sud)

Pleinement opérationnel tant sur le plan médical que sur le plan social car situé dans une zone à la limite des zones de confrontation directe.

Outre les soins médicaux qu’il continue d’assurer, le Centre se propose de s’occuper directement de la majeure partie des besoins des ± 1000 réfugiés (180 familles) installés dans les écoles de la région

(Se référer ci-joint à la liste des besoins en médicaments envoyée par la direction du Centre Roum)

2. BEKAA :

a. Barqa :

(Limitrophe de la zone de Baalbek qui est zone de guerre)

Le Centre est pleinement opérationnel et a commencé depuis le Lundi 17 Juillet 2006 à assurer les soins médicaux aux réfugiés qui ont afflué à leurs villages d’origine de la zone de Baalbek.

Le flux de ces réfugiés difficile à estimer car éparpillés dans les villages s’est ressenti dans les services médicaux du Centre. A titre d’exemple, Le Centre de Barqa a commencé à traiter des réfugiés depuis hier uniquement. Pour visualiser, en temps normal, Barqa reçoit le Lundi 60 à 65 patients du fait de la qualité du service proposé ce jour par le Centre. Ce Lundi, ils ont eu 127 patients. De même, en temps normal, le mardi, il traite 30 patients ; ce Mardi, ils en ont eu 78.

3. GRAND BEYROUTH:

a. Ain el Remmaneh :

(Situé administrativement dans la banlieue Sud de Beyrouth et limitrophe à l’extrême du carré visé par la guerre actuelle dans la banlieue Sud)

Situé à quelques centaines de mètres des zones visées par les bombardements, le Centre est opérationnel.

Il assure depuis hier les services de santé d’un centre de réfugiés attenant en attendant de former une équipe mobile qui interviendrait dans des centres plus éloignés.

Ceci résume très brièvement la situation opérationnelle des Centres de l’Ordre de Malte plus engagés dans la guerre en cours.

Quant aux autres Centres de l’Ordre de Malte

Nord de Beyrouth : Centre de Zouk Mikhael ;

Bekaa Ouest : Centre de Kefraya

Liban Nord : Centre de Kobayat; Centre de Khaldieh

Ils continuent d’opérer à plein régime dans leur région respective et prennent leur précaution pour faire face rapidement à un flux de réfugiés où tout développement impromptu … qui pourraient subvenir dans leurs régions.

De même, une équipe mobile d’intervention d’urgence est en cours de montage.

Ceci résume la situation à ce jour.

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