Le 6 septembre 1522, le navire la Victoria rentra au port de Sanlúcar de Barrameda en Espagne, seule survivante de l’expédition lancée plus de trois ans auparavant sous le commandement du portugais Fernand de Magellan.
Le capitaine général était parti à la recherche d’un nouveau passage à travers l’Occident et l’Amérique du Sud pour atteindre les précieuses îles aux épices, les Moluques, dans l’actuelle Indonésie. Une expédition longue et ponctuée de difficultés qui a révélé de manière définitive la sphéricité du globe et la possibilité d’en faire le tour, offrant pour la première fois une vision complète du monde. C’est grâce à l’historiographe, Antonio Pigafetta, noble vicentin et chevalier de Rhodes, que nous avons gardé trace de cette entreprise. Ce dernier prit part à l’expédition en vertu d’une lettre de Charles 1er, roi de Castille et d’Aragon, ce même Charles qui, en 1530, céda l’île de Malte à l’Ordre de Hospitaliers.
L’expédition de Fernand de Magellan représenta un tournant historique pour l’histoire des explorations, pour la façon dont la culture européenne commença à penser et à connaître la terre.
Magellan partit avec une flotte espagnole de 5 navires et 265 hommes à la recherche du passage qui permettrait à l’Espagne de rejoindre les “îles aux épices” en évitant de traverser les possessions portugaises, en passant de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Trois ans plus tard, surmontant des mutineries, des maladies et la mort de Magellan lui-même, une caravelle réussit à revenir : la Victoria. À bord, 18 hommes seulement, parmi lesquels Antonio Pigafetta qui raconta ce voyage aventureux dans son récit Premier voyage autour du monde, rédigé en 1522. Un document d’une grande importance, écrit en langue vernaculaire (avec des notes de dialecte vénitien) qui raconte tout le voyage, décrivant les paysages naturels, les habitants, les usages, idiomes autochtones, croyances religieuses, les produits locaux (en particuliers les précieuses épices), la faune et la flore, de la Patagonie aux Philippines et au-delà, traversant trois océans. Antonio Pigafetta, chevalier de Rhodes, dédia son œuvre au Grand Maître de l’Ordre, Philippe de Villiers de L’Isle-Adam.
La valeur légendaire de cette expédition, malheureuse pour la perte dramatique de si nombreux hommes, mais heureuse parce qu’elle changea définitivement notre connaissance du monde, est reconnue par l’extraordinaire succès mondial du récit, du XVIe siècle à nos jours. Par sa précision et la richesse de ses observations sur les pays visités, il constitue l’un des documents les plus importants de l’histoire des explorations.
L’hommage de la Poste Magistrale
Pour célébrer les 500 ans du premier voyage autour du monde, la Poste Magistrale de l’Ordre souverain de Malte a émis quatre timbres dédiés à Antonio Pigafetta. Un détail d’une carte des Philippines et des îles Moluques, avec au centre la rose des vents, constitue l’image de fond commune aux quatre timbres. La carte est issue d’une œuvre de l’an 1800, conservée à la Bibliothèque magistrale de l’Ordre de Malte, à Rome.
Le premier timbre représente le navire Victoria, seul survivant de la flotte, image tirée du Theatrum Orbis Terrarum d’Abrahamus Ortelius de 1592. Le deuxième représente l’Herba folio tirée d’un herbier manuscrit de la seconde moitié du XVe siècle. Les deux images proviennent de documents conservés à la bibliothèque civique Bertoliana de Vicence. Pour les deux autres timbres ont été choisi d’une part le buste en bronze d’Antonio Pigafetta, copie de celui du mémorial de Campo Marzo à Vicence, d’autre part une cartographie des îles Moluques, tirée de la même œuvre que la carte d’image de fond.