L’ambassadeur de l’Ordre de Malte, Giulio di Lorenzo Badia, prend la parole au nom du Corps diplomatique.
Le président de la République Italienne, Giorgio Napolitano, a reçu au palais du Quirinal le Corps diplomatique accrédité pour la cérémonie des vœux de fin d’année. À cette occasion, l’ambassadeur de l’Ordre Souverain de Malte, Giulio di Lorenzo Badia, en sa qualité de vice-doyen du Corps diplomatique, a pris la parole au nom du Corps diplomatique et a prononcé le discours que nous publions, ci-dessous.
Ensuite, le président de la République Italienne a remercié l’ambassadeur di Lorenzo Badia pour «l’éloquente et remarquable intervention que vous avez prononcée au nom de la noble et historique institution que vous représentez».
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Monsieur le Président,
En raison de l’arrivée prévue, au cours du mois de janvier prochain, du nouveau nonce apostolique en Italie, S.E. Monseigneur Adriano Bernardini, doyen du Corps diplomatique, en ma qualité de vice-doyen j’ai aujourd’hui l’honneur de vous adresser, ainsi qu’aux chefs des missions diplomatiques accréditées en Italie, nos salutations respectueuses et, à la veille des fêtes solennelles de Noël et du nouvel an, de formuler pour vous-même, pour votre famille et pour tout le peuple italien, les vœux les plus chaleureux de prospérité.
L’Année 2011, qui va s’achever, a été remplie d’événements importants pour le pays qui nous accueille et vous, Monsieur le Président, vous avez été un admirable interprète des sentiments et des aspirations de toute la population italienne. Avec quelques collègues ambassadeurs de pays étrangers je me trouvais il y a quelques jours à l’auditorium et nous avons été frappés de voir l’accueil qui vous a été réservé, à vous-même et à votre épouse. Une telle ovation, chaleureuse et intimement respectueuse, nous a donné la preuve irréfutable de la confiance croissante que les Italiens vous témoignent.
En 2011 le 150e anniversaire de la fondation de l’État national italien a été célébré. Un long chemin parcouru depuis 1861, qui a vu l’Italie surmonter grand nombre de difficultés, pour figurer enfin parmi les pays les plus développés et industrialisés du monde. Nous avons admiré l’engagement de l’Italie, poursuivi avec ténacité dans toutes les instances internationales, des Nations unies à la communauté atlantique et à la communauté méditerranéenne, afin que progresse dans le monde la cause de la paix, des droits de l’homme, d’un développement social et économique équitable et de la liberté religieuse. À cet égard, à titre de témoignage du rapport profond liant l’Italie et le Saint-Siège, nous n’avons pas manqué de remarquer la haute valeur du geste accompli par le président du Conseil des ministres tout juste nommé, le sénateur Mario Monti, se rendant à l’aéroport de Fiumicino pour rendre hommage au Souverain Pontife Benoît XVI qui, au retour de la rencontre interreligieuse du mois d’octobre à Assise, rencontre par ailleurs hautement significative, partait pour un voyage important en Afrique.
Nous étions présents, Monsieur le Président, le 17 mars de cette année à la Chambre des députés lorsque vous avez prononcé le discours pour la célébration du 150e anniversaire de l’Unité d’Italie, un discours de haute volée dans lequel, entre autres, vous avez observé que « l’unification italienne a représenté une entreprise historique extraordinaire, pour les conditions dans lesquelles elle se déroula, pour les caractères et la portée qu’elle a assumés, pour le succès qui l’a couronnée en dépassant les prévisions d’un grand nombre et en récompensant les espoirs les plus audacieux ». Le 5 mai, ensuite, nous assistions au concert que vous avez offert, avec grande délicatesse, à l’occasion de l’anniversaire de l’élection du Saint-Père. Et nous avons suivi, dans l’accomplissement de nos fonctions, la visite à Rome, le 2 juin, de plus de 40 chefs d’État et de Gouvernement, pour participer à la parade militaire et à la rencontre qui a suivi au Quirinal en vue de célébrer le 150e anniversaire de l’Unité : autant de manifestations inoubliables qui ont donné un grand élan à l’image de l’Italie !
C’est une longue marche, que celle qu’a accomplie l’Italie, ancien pays d’émigration, qui a vu dans le passé plus de 25 millions d’individus quitter douloureusement leur terre pour aller chercher du travail loin de leur patrie. Aujourd’hui, nous le savons, grâce au sacrifice de ces personnes, les communautés italiennes dans le monde s’élèvent à plusieurs millions de personnes d’origine italienne qui gardent amour et nostalgie pour leur terre d’origine et représentent un pont solide d’amitié et de collaboration avec les pays où ils se sont établis. Et il est bien connu que, de pays d’émigration qu’il était, l’Italie, au cours des dernières années, et devenue un pays d’immigration : les étrangers représentent 7% de la population et plus de 500 000 enfants, fils d’immigrés sont nés dans ce pays et attendent une confirmation de leur italianité. Dans ce cadre, des Représentations diplomatiques étrangères, qui dans un lointain passé étaient appelées à faire face à la pression des innombrables demandes de visa d’entrée dans leurs pays, voient aujourd’hui d’autres Représentations veiller sur les arrivées de leurs ressortissants qui considèrent l’Italie comme une terre d’accueil sûr, et faire en sorte que les nouveaux immigrés trouvent des opportunités de travail qui ne soient pas soumises à la spéculation.
Lors de cette année qui se termine, Monsieur le Président, vous n’avez épargné aucun effort, vous avez visité de nombreux pays et vous avez été présent dans les villes italiennes. À l’occasion de vos voyages, nous avons remarqué à quel point les jeunes de ce pays à la recherche d’un travail et les travailleurs en difficulté vous regardent avec grand espoir. Nos vœux les accompagnent ! Et encore, en cette période nous assistons, Monsieur le Président, à l’engagement de l’Italie, pays fondateur de la Communauté européenne, face à la gravité de la crise économique et financière mondiale et à son grand effort visant à répondre efficacement à la crise de la zone Euro. Nous exprimons en toute sincérité le souhait que l’Italie parvienne à surmonter avec succès les moments difficiles actuels.
Permettez-moi, Monsieur le Président, de conclure par une observation que je crois partagée par mes collègues ambassadeurs. Il s’agit d’un témoignage que j’apporte à la lumière de mes 40 années passées au service de l’Italie dans la carrière diplomatique et des 15 années avec l’Ordre Souverain Militaire de Malte, l’Ordre qui depuis plusieurs siècles intervient dans le monde entier dans le secteur humanitaire et sanitaire selon son ancienne devise « obsequium pauperum et tuitio fidei ». Ce que je voudrais dire est que l’accueil offert par l’Italie aux représentants diplomatiques étrangers qui arrivent dans ce pays, et je me réfère au cérémonial du Palais et au cérémonial diplomatique de la République, ne se limite pas au respect scrupuleux de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, mais il est offert avec chaleur, j’oserais même dire avec affection, à l’égard de toutes les Missions étrangères, sans exception. Un remerciement sincère, donc.
Et permettez-moi de renouveler mes vœux à vous-même, Monsieur le Président, au président du Conseil des Ministres, au nouveau ministre des Affaires étrangères, M. l’ambassadeur Giulio Terzi di Sant’Agata, qui vient de rentrer de deux brillantes missions, aux Nations Unies et à Washington, dans l’espoir que 2012, avec l’aide de Dieu, nous offre des horizons plus sereins.