Dans un long entretien, divisé en deux articles publiés à quelques jours d’intervalle, avec l’organe de presse Catholic News Agency (CNA), le Grand Chancelier de l’Ordre de Malte a présenté les principales priorités de l’Ordre de Malte d’ici le prochain Conseil Complet d’Etat chargé de l’élection d’un Grand Maître – ou Lieutenant de Grand Maître – et dans le sillage de la crise pandémique.
Comme l’a expliqué Albrecht Boeselager, dans son entretien à distance avec le journaliste de la CNA basé à Washington, Ed Condon, l’Ordre de Malte est actuellement confronté à un événement institutionnel important avec le prochain Conseil Complet d’Etat. Le Grand Chancelier a expliqué que les 7 et 8 novembre des représentants de l’Ordre se réuniront à Rome pour l’élection du Grand Maître, ou Lieutenant de Grand Maître, qui restera en poste pendant un an, tandis que le processus de réforme de la Constitution et du Code, initié en 2017, se poursuit. Comme l’a également signalé Albrecht Boeselager, la Constitution actuelle remonte à 1961, avant le Concile Vatican II. La révision effectuée en 1997 n’a pas touché la Première Classe, c’est pourquoi Albrecht Boesealger dit : “Tous les nouveaux éléments qui sont entrés dans le droit canonique au sujet de la vie religieuse [depuis le concile] ne l’ont pas encore fait dans la constitution de l’Ordre”, ajoutant que : “La réforme prévoit des changements pour les Profès également, une requête faite par le Pape”.
Le Grand Chancelier a également présenté d’autres points importants du processus de réforme comme l’abolition des exigences de noblesse pour le Grand Maître qui permettra une plus large candidature parmi les membres de la première classe. “Il y a un large consensus sur le fait que les exigences de noblesse pour le Grand Maître, et en partie également pour les autres charges, devraient être abolies”, a reconnu Albrecht Boeselager, faisant remarquer que cela reflète la capacité de l’Ordre à s’adapter aux temps qui changent. “La façon dont l’Ordre aborde la noblesse dans son histoire montre que nous nous adaptons par étapes et non pas dans la révolution”, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la crise sanitaire mondiale, il a ensuite expliqué que l’Ordre de Malte intensifie sa réponse à la crise générée par la pandémie de Covid-19. Il a indiqué que la plupart des entités de l’Ordre de Malte soutiennent actuellement les autorités sanitaires nationales dans la gestion des patients hospitalisés, le transport de et vers les hôpitaux et dans l’administration de tests et l’assistance par téléphone, ainsi qu’avec le soutien aux sans abri, aux personnes marginalisées et avec l’assistance fournie dans de nombreux pays aux migrants et aux réfugiés. En Afrique et en Asie, de nombreux autres projets ont été transformés en programmes de santé, d’assainissement et de prévention du virus pour freiner la propagation de la Covid-19.
“Il nous a fallu modifier de nombreux projets. Même si l’Afrique n’est pas aussi affectée par l’incidence de la maladie, les mesures de précaution [prises par les gouvernements locaux] sont assez similaires. Dans de nombreux pays, nous avons un grand défi à relever afin de fournir de la nourriture aux enfants qui bénéficieraient normalement d’un ou deux repas par jour à l’école, aujourd’hui fermée. Il s’agissait des seuls repas substantiels pour beaucoup de ces enfants”.
Le Grand Chancelier a ensuite exprimé sa préoccupation pour la situation instable au Moyen-Orient : “Nous menons d’importantes activités au Liban, en Irak et d’autres en Syrie. L’association libanaise est probablement la seule organisation ayant de bonnes relations avec l’ensemble des dix-huit autres confessions du pays. Là nous dirigeons neuf cliniques, dont certaines en entreprise commune officielle avec les sunnites, les chiites et les druzes”. Albrecht Boeselager a souligné le grand atout que constitue le fait d’être un acteur indépendant et apolitique dans le domaine humanitaire, qui permet à l’Ordre de Malte d’entrer sur des territoires hostiles et d’être accepté par les populations locales: “Les gens dans les conflits armés ont un sixième sens”, dit-il. “Ils savent si quelqu’un est là juste pour apporter de l’aide ou s’il y a une autre raison cachée”.