Le Corps militaire de l’Association italienne de l’Ordre de Malte a une longue expérience d’interventions en situations d’urgence. Spécialisé dans la santé militaire, il est intervenu dans toutes les urgences en Italie : deux guerres mondiales et une longue liste de tremblements de terre et d’inondations. Dirigé depuis plus d’un siècle en étroite collaboration avec l’Armée italienne et l’Ordre de Malte, il compte 500 unités, dont la plupart sont des bénévoles. Nous nous sommes entretenus avec le commandant du Corps, le Général de brigade Mario Fine, sur l’engagement du Corps militaire dans la crise provoquée par le coronavirus,
“Cette crise est profondément différente de toutes celles auxquelles le Corps a dû faire face ces quarante dernières années”, affirme le Général Fine. “Normalement un tremblement de terre, ou un phénomène naturel violent, frappe une ou plusieurs régions, mais pas tout le territoire national. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas intervenir avec des hommes et des moyens à l’épicentre de la catastrophe, au contraire nous dirigeons une myriade d’interventions en soutien des administrations de l’État et des citoyens dans toute l’Italie”.
Comment vivez-vous cette nouvelle urgence?
Dès le début et rapidement, nous avons dû adapter notre façon de travailler à cet “ennemi invisible” en mettant en place les normes de sécurité prévues dans ces cas-là. Il faut éviter à tout prix le risque de contagion parmi nous pour ne pas devenir à notre tour victimes de ce virus. Je suis convaincu qu’après cette expérience notre façon d’intervenir devra changer. Il nous faudra probablement davantage investir sur la logistique, par exemple avec des unités de terrain ROLE 2 comme celle déployée à Crema, à intégrer à celles d’autres organisations afin de pouvoir mettre à disposition de la Santé publique, rapidement, un nombre approprié de lits.
Quelles demandes d’aide avez-vous reçues?
Vraiment beaucoup. Nous avons des équipes qui, dans toute l’Italie, soutiennent les services de santé locaux, les préfectures et les centres opérationnels communaux dans la gestion de l’urgence. Une de nos caractéristiques est d’avoir de très nombreuses compétences à l’intérieur du Corps. Non seulement un personnel sanitaire, mais aussi des ingénieurs, des architectes, des électriciens, des menuisiers. Dans la zone la plus frappée de la Lombardie, une part importante de notre personnel a servi à l’hôpital militaire de Baggio et à l’hôpital de Gravedona. A l’hôpital de campagne de Crema nous avons fourni aussi bien du personnel médical que logistique. Dans différentes communes, du Nord au Sud du pays, le personnel du Corps distribue des médicaments et des biens de première nécessité à des personnes âgées ou des handicapés bloqués chez eux. Nous menons aussi des activités de contrôle du territoire avec des drones et des formations pour le personnel militaire sur la réduction du risque de contagion.
Une grande partie de l’aide que vous fournissez est logistique
Par exemple, dans le port de Gênes, sont sous notre responsabilité tout l’entrepôt et l’approvisionnement du bateau-hôpital aménagé par le Région Ligurie pour les patients malades de coronavirus. Nous collaborons avec la Délégation de la Ligurie et le Corps italien de secours de l’Ordre de Malte qui participent avec des médecins et infirmiers à l’assistance à bord du bateau.
Il y a également l’hôpital de l’Ordre de Malte à Rome
Là nous effectuons le contrôle des accès au triage pré-hospitalier. Après les premiers cas de patients malades de coronavirus, le Président de l’Association italienne et la Direction générale de l’hôpital Saint Jean-Baptiste nous ont demandé de mettre en confinement la structure. Ont été mises en place toutes les procédures de sécurité et depuis lors, plus aucun cas de contagion n’a été vérifié.
Quel épisode vous a laissé une forte impression?
J’admire toujours ceux qui prennent des risques pour leur santé afin d’aider les autres. Je remplis actuellement un cahier, pour ne rien oublier de cette crise. Je n’oublierai sûrement pas ces médecins qui, à Crema, après leur garde à l’hôpital, ont enfilé l’uniforme du Corps pour assurer une garde de plus dans les hôpitaux en cours d’aménagement.